COLLOQUE 2012 - Thème 4

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THÈME 4 : Didactique professionnelle
et nouvelles pressions sur le travail

 


1 – Développement de la problématique :

La vague de néolibéralisme qui a envahi ces dernières décades les systèmes politico-économiques a conduit à la spéculation (recherche du profit sans produire) et a érigé au niveau mondial une concurrence généralisée. Cette recherche de résultats avant tout financiers tend à ignorer l’importance du travail comme espace de production, de socialisation, de réalisation de soi et d’apprentissages. Tous les secteurs (public comme privé, marchand comme non marchand) et toutes les catégories de personnel sont aujourd’hui concernées par l’intensification du travail. Les conséquences pour les salariés sont bien connues (par ex, les risques psychosociaux, le stress, le burn out, la déqualification). Au mieux, celles-ci sont traitées avant tout comme un défaut d’adaptation des individus aux exigences du système, relevant de mesures spécifiques.

Variable d’ajustement des politiques d’emplois sur le marché, la formation professionnelle, dépendante des pouvoirs de direction, tend de fait à suivre les tendances managériales. Ainsi, on peut lire les préoccupations en formation pour adultes au prisme des modes de gestion : à l’individualisation de la gestion des compétences répond une individualisation des parcours de formation ; à la polyvalence, à la mobilité répond l’idée de formation tout au long de la vie ; aux incertitudes économiques, au renforcement de la flexibilité répond la recherche d’employabilité et de sécurisation des parcours.

La responsabilité sociale, l’éthique même des formateurs et de leurs organismes d’appartenance sont donc questionnées dès lors que les conditions du travail ne permettent plus de réunir les conditions de la formation.

Quel rôle joue véritablement aujourd’hui la formation professionnelle dans la gestion de la « ressource humaine » ? Comment chercheurs et praticiens d’horizons divers prennent-ils en compte ce contexte ?

 

Pour ce qui est de la didactique professionnelle, celle-ci prend pour axiomes que le travail peut être source de développement et que la conceptualisation dans l’action est un moteur de l’intelligence de la tâche. Aussi, comment agit le contexte présenté sur la construction de la compétence et sur son développement ? Comment le sujet apprenant se fraie-t-il un chemin face à ces formes envahissantes de pressions sur l’activité ?

Comme théorie du développement des adultes, la didactique professionnelle, dont le but est d’analyser le travail en vue de la formation, se retrouve face aux tensions propres à son objet :

- l’activité permise par un travail organisé mais en perpétuel mouvement, est-elle à ce point stabilisée qu’on peut en chercher la part d’invariance ?

- l’activité changeant au gré des mobilités entre postes au nom de la polyvalence laisse-t-elle le temps nécessaire à une conceptualisation de sa propre action ?

- la parcellisation des tâches favorise-t-elle, par delà le discours, la prise en main d’un empan des situations d’exercice suffisamment large et complexe pour que le travail garde un sens pour celle/celui qui l’exerce ?

- la multiplication des statuts dʼemplois, la singularisation de catégories (les – de 25 ans, les seniors, les femmes, etc.), sont-elles de nature à maintenir des sentiments d’appartenance, voire d’initier des collectifs au travail permettant de maintenir une vitalité du métier ?

 

 

2 – Abstract

Comment escompter un développement de soi, de ses compétences, du métier que l’on fait vivre et qui nous fait vivre, dans les conditions actuelles du travail ? Le monde de la formation est, dans ses problématiques, ses méthodes et ses interprétations, confronté aux fortes pressions qui pèsent actuellement sur le travail. De plus, comment la didactique professionnelle peut-elle réaffirmer ses valeurs, (re)positionner ses interventions, ajuster ses méthodes ?

 

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