Hommages

A nos collègues disparu-e-s

______________________

 

 

 

Patrick KUNEGEL  (1956 - 16 sept. 2013)

4487325711?profile=original______________

 

Dans toute sa manière d'être, Patrick a su comme personne composer les contraires. Il avait un caractère affable, ouvert, accueillant ; mais quand on voit la manière dont il a lutté pied à pied contre son cancer, et cela pendant des années, on est stupéfait, et admiratif, de la vaillance qu'il a su déployer. Contre sa maladie, Patrick a été un lutteur intrépide. Physiquement, il avait une carrure imposante ; mais j'ai toujours été fasciné par les gestes de ses mains dont il accompagnait sa parole. Certains, en parlant, donnent l'impression d'avoir au bout des mains une rapière, avec laquelle ils fendent l'air en tranchant. Patrick semblait disposer d'une baguette de chef d'orchestre : le geste était rond, souple, bienveillant.

         Patrick fut l'homme d'un seul pays. Quand je lui ai proposé d'être mon adjoint à Paris pour la chaire de didactique professionnelle, il a trouvé toutes sortes de raisons pour signifier sa volonté de ne pas venir s'exiler à Paris.

         Patrick fut l'homme d'un seul métier : formateur dans son CFA, où il a continué à donner des cours pratiquement jusqu'au bout, avec des aménagements nécessaires pour enseigner malgré sa maladie.

         Quand il a entrepris un travail de recherche, Patrick fut l'homme d'une seule idée : comprendre ce qu'apprenaient ses élèves quand, quittant le local du CFA, ils traversaient la rue pour être apprentis dans un garage. Homme de fidélité, il fut l'homme de l'approfondissement : un seul fil rouge court dans tout son travail de recherche, d'abord dans son DHEPS, puis dans son DEA, puis dans sa thèse, enfin dans l'ouvrage qu'il nous a laissé sur "Les maîtres d'apprentissage". C'est pourquoi il est devenu une référence, nationale et internationale, sur la question du tutorat. Car il existe beaucoup d'études sur le tutorat ; mais il en existe peu qui abordent la question centrale : comment se déploie l'apprentissage lorsque des apprentis sont en situation de travail. Patrick a mis à jour l'organisation implicite de cet apprentissage au travail. C'est la raison pour laquelle son oeuvre occupe sur le sujet une place incomparable.

         Patrick restera pour moi un modèle rare d'équilibre entre la force paisible et la vaillance.

         Adieu, Patrick ; comme a dit Bernanos "A la douce pitié de Dieu".

Pierre Pastré.

 

Patrick KUNEGEL, Les maîtres d'apprentissage ; analyse des pratiques tutorales en situation de travail. Éditions L'Harmattan

 

La lettre de Pierre PARAGE

 

Bonjour à tous,
Voilà donc un mois que les cendres de Patrick ont été déposées dans le colombarium du cimetière de Landaville, petit village des Vosges, qui domine la vallée paisible que nous avions l'habitude de contempler de la terrasse de sa maison.
La cérémonie fût particulièrement touchante par sa simplicité et son dénuement.
Au milieu des villageois, Gervaise sa femme, de nombreux amis, Philippe et moi-même... Des proches ont évoqué publiquement son souvenir et j'ai lu le texte que Pierre m'avait envoyé à cette intention.
Un peu plus tard, en toute simplicité, Gervaise m'a demandé de vous envoyer ses plus chaleureux remerciements, vis-à-vis des messages de sympathie que vous m'aviez fait parvenir et dont je m'étais fait l'écho après d'elle. Ce que je fais aujourd'hui…
Bien à vous, Pier