Journée Alain SAVOYANT

Le 10 janvier 2011 à Dijon, une journée a été consacrée à l'œuvre et à la mémoire de notre collègue et ami Alain SAVOYANT.

 

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In Memoriam - Alain SAVOYANT

Par le professeur Pierre Pastré, président de l'association RPDP

 

Alain Savoyant est décédé le 16 juillet 2009 à Marseille. Hospitalisé pendant deux mois, il a lutté contre la souffrance et la maladie, avec une alternance de hauts et de bas, que nous suivions avec inquiétude, sans savoir ce qu’il avait exactement. Et puis, brusquement, le verdict est tombé, dans sa brutalité : cancer de la vessie très avancé, qui a gagné le péritoine. Deux jours après, sa femme Nicole nous apprenait sa mort. Il a été incinéré à Marseille le 21 juillet.

 

Ces quelques mots veulent simplement témoigner de l’amitié qui nous liait. Avec Alain notre compagnonnage a duré plus de 15 ans : club Crin, séminaire doctoral au CNAM, Association Recherches et pratiques en didactique professionnelle. Du plus loin que j’ai connu Alain, son orientation de chercheur indique une fidélité conceptuelle remarquable : il n’a cessé d’approfondir une psychologie du travail et du développement, qu’il a élargie sur le tard à la formation. Il y avait chez lui une grande permanence d’orientation.

 

Mais je voudrais surtout évoquer ses qualités humaines. Et d’abord, la principale, à mes yeux : sa simplicité. Qu’on me permette un furtif clin d’œil de la part de « celui qui croit au ciel » en direction de  « celui qui n’y croyait pas » : c’était une simplicité toute franciscaine. Ni supérieur, ni inférieur : la simplicité d’un homme libre. Des trois grandes passions humaines épinglées par Ricoeur, la passion de l’avoir, la passion du pouvoir, la passion du valoir, Alain semblait extraordinairement  être exempt. Ce n’était pas du mépris. Simplement, cela ne l’intéressait pas. Ce fut sans doute une grande force dans sa vie.

 

Je voudrais aussi parler de sa gentillesse. Une gentillesse qui se voyait dans son regard, avec ce petit reste de brume qui en voilait l’éclat. Une gentillesse qui se sentait dans sa voix, dont le temps avait peu à peu érodé la rocaille. Mais c’était surtout une gentillesse sans concession : quand il avait quelque chose à dire, il le disait, simplement mais fermement. Un jour où il avait trouvé une de mes interventions franchement mauvaise, il me dit :  « A quoi pourrait bien servir l’amitié si elle ne permettait pas de dire franchement ce qu’on pense ».

 

Cette franchise sans concession, Alain l’a beaucoup pratiquée dans le séminaire doctoral que nous animions tous les deux. Nos doctorants s’en souviennent sûrement. Ses remarques étaient habituellement claires, nettes, sans bémols ni modalisateurs. Et le paradoxe, c’est que c’était sa gentillesse profonde qui lui permettait ces paroles sans concession. Personne ne se sentait attaqué à titre personnel. Et quand il pressentait qu’il pouvait néanmoins blesser, alors il mettait toutes les nuances nécessaires.

 

Tout ce travail fait ensemble, ce fut vraiment un compagnonnage fraternel. Bien sûr qu’il va cruellement nous manquer ! Sa disparition nous accable. Et je rassemble mes pauvres forces pour dire à Nicole, Marie et Adrien toute mon émotion et mon soutien.

 

                                                                        Pierre Pastré