Je vous adresse, en mon nom et au nom des membres du bureau de l’association, nos meilleurs vœux pour l’année 2018 et quelques réflexions, disons… prospectives qui concernent la didactique professionnelle.
En France, la réforme attendue de la formation professionnelle et de l’apprentissage va sans doute affirmer et amplifier la place des milieux de travail comme milieux de formation. Je dis bien milieu de formation et pas seulement d’apprentissage sur le tas. L’expérimentation sur les formations en situations de travail (FEST) qui se termine en février, va probablement déboucher sur la possibilité de concevoir et mettre en place, des formations en situation de travail, éligibles aux financements. Au cours de l’expérimentation s’est dégagé un besoin crucial de professionnalisation des organismes qui accompagnent les entreprises pour analyser les besoins en compétences, analyser le travail pour en identifier les situations de formation, puis pour concevoir les formations en situation et avec les situations. La didactique professionnelle est apparue comme une des ressources pour le faire et quelques-unes des expérimentations se sont réalisées dans cet esprit.
A ce propos, on peut lire la bonne thèse de Frédérique Gérard[1], soutenue en 2017 réalisée chez Enedis et un article de Mayen & Gagneur (2017)[2], dans le numéro 28 de la revue Recherche en Education.
Entreprises apprenantes, formatrices, formations en situation de travail, et réforme de l’apprentissage, mais aussi, en matière de certification, l’orientation vers le développement des blocs de compétences, qui conduisent à redéfinir nombre de certifications existantes. On note ainsi que l’AFPA fait de l’analyse du travail pour la formation (et la construction de ses certifications) un axe de son développement (voir le numéro hors-série Afpa sur analyse du travail et intentions formatives). On voit ainsi se déployer et se redéployer des problématiques sensibles pour la didactique professionnelle.
Sur le plan international, je voudrais souligner l’intérêt naissant mais croissant du Brésil pour la didactique professionnelle, même si, pour le moment, celle-ci est encore peu connue et développée. Les besoins du Brésil en matière de besoins d’accroissement des personnes qualifiées, de formation et d’enseignement professionnels (ils disent plutôt educaçao) sont considérables. Comme le montrent les articles rédigés par des chercheurs brésiliens dans un numéro récent de la revue Travail et Apprentissages, les réflexions et les pratiques de formation professionnelle sont situées entre une révérence et une référence aux savoirs des sciences, et une assimilation de la formation à l’apprentissage de modes opératoires ou de procédures. On constate que les savoirs de l’expérience sont l’objet d’une ignorance et d’une dévalorisation sociale importante. L’idée de l’intelligence et de la conceptualisation dans l’action. Quelques-uns d’entre nous ont contribué à faire traduire des articles de didactique professionnelle ou en ont rédigé pour des revues brésiliennes. Il pourrait être intéressant de réunir nos forces et contacts si d’autres membres de l’association sont engagés dans des projets avec le Brésil.
Je signale aussi la tenue du colloque EARLY SIG en septembre à Genève[3] intitulé : « interaction, learning and professionnal development » qui réunira des chercheurs en didactique professionnelle, des chercheurs de différents pays qui partagent la thématique du travail et de la formation. Le colloque sera bilingue français et anglais.
[1] http://www.theses.fr/s122269
[2] http://www.recherches-en-education.net/spip.php?article354